Lorsqu’on s’intéresse à l’éducation positive du chien, on constate à quel point les méthodes divergent les unes des autres.

En effet, en matière d’éducation et de pédagogie, le choix est dense notamment lorsque les méthodes proposées s’opposent diamétralement dans leurs fondements.

L’éducation canine dite positive semble rester la seule alternative réellement bienveillante et légitime à l’égard du chien et du vivant. Mais je crois sincèrement qu’il existe autant de pédagogies qu’il peut y avoir d’individus qui les prodiguent.

Ce qui se concrétise souvent au téléphone par une question typique bien qu’incongrue, où il faut répondre judicieusement…

« Est-ce que vous êtes positif? »

Sous entendu: « Travaillez-vous selon une méthode éducative avec un renforcement positif, tout en bannissant la violence envers le chien ? »


Puisque tout le monde s’accorde à dire que c’est la seule bonne manière de faire, il faudrait être fou pour oser désacraliser ce qui fait consensus en ces temps.

Éducation positive du chien - Besançon - éducateur canin

Éducation positive? Question de sémantique!

Parce que nous vivons dans une société de l’algorithme et de la pensée binaire, les choses sont exposées sans nuances de couleurs ni même de zones grises. Les réponses aux extrêmes restent malheureusement souvent d’autres extrêmes dans l’observation que j’en fait.

Alors, il faut savoir choisir son équipe c’est noir ou c’est blanc. Je suis positif ou je suis négatif.

Ainsi dans une pensée manichéenne sclérosante, certains ne tardent pas à incarner le bien d’une manière quasi religieuse. Puis tendent à écraser le mal là où ils le trouvent, le « négatif » devient prosaïquement de la maltraitance…

L’enfer est pavé de bonnes intentions

Bernard de Clairvaux

Alors que dans un monde binaire, celui du positif OU du négatif… (et gare à celui qui refuse de camper!). Il serait sage de commencer à considérer la complémentarité de ces deux mondes. Peut être en réinstaurant de la nuance?


Je ne fais pas l’apologie de la violence, je dis simplement qu’elle existe. Et qu’en faire le déni en la comprimant en soit-même est d’une violence inouïe pour celui qui la conserve.

Ne pas s’accorder le droit de dire « Non! » pour poser ses limites ou réaffirmer ses limites, est un non-sens. Chez l’humain, mais également dans le monde du chien.

Je pense qu’il serai salutaire de savoir employer un ton réprobateur et mécontent. Lorsqu’on se doit de poser ou réaffirmer des limites ignorées et transgressées par le chien.

Apprendre à se faire confiance sans dogme, ni jugement. Elle est peut être là l’éducation positive….

Mais également d’être en mesure d’employer à juste escient un timbre de voix qui redevient chaleureux et apaisant lorsque les circonstances le permettent.

Avec pour conséquences de signifier au chien que l’on retrouve une sérénité partagée avec ce dernier.

Lui conférant donc un rôle d’ acteur actif au sein de son foyer… S’opposant à une posture infantile et passive (au sens de son libre arbitre et des conséquences qui y sont liées).

Éducation positive = éducation bienveillante ?

Tout d’abord, lorsqu’on vous parle d’éducation positive, dans un contexte d’apprentissage de comportements du chien, il est en réalité question de conditionnement.

Et de manière plus approfondie d’un conditionnement dit « opérant ».

Je vous invite à vous replonger dans les principes du béhaviorisme établit par Edward Thordnike puis développé par Frédéric Skinner.

Éducation positive du chien.
Conditionnement opérant renforcement positif négatif
  • Renforcement positif : être félicité (+)
  • Punition négative : ne plus être félicité (+)
  • Punition positive : se faire gronder (-)
  • Renforcement négatif : ne plus se faire gronder (-)

N’est ce pas en faisant des erreurs que l’on apprend?

J’aimerai rappeler que le chien se structure dans un environnement social par essai-erreur. Tout d’abord, les expériences agréables lorsqu’elles se présentent : je cherche à en vivre le plus possible.


Mais également des expériences désagréables que je dois apprendre à gérer. C’est aussi là qu’intervient la notion de limite. Qui se doit d’être cohérente, non paradoxale, et supposée bienveillante au sens de la sécurité et du respect du chien ainsi que de son entourage.

Les limites éducatives


Enfin, un recadrage approprié d’un chien ou chiot, qui dépasse des limites sera bénéfique, pour le groupe et pour le chien dans son développement. Et parce que le sujet est délicat et qu’il y a le traumatisme du traumatisme, je vais définir « recadrage approprié ».


Je fais implicitement mention d’un cadre pédagogique, donc sans maltraitance, sans humiliation, sans acharnement et de manière compréhensible pour l’animal. Il doit en apprendre quelque chose, pour ne pas récidiver et potentiellement se mettre, ou mettre les autres en danger.

« Il y a maltraitance quand il y a une atteinte de manière répétée à l’intégrité physique, psychique, émotionnelle, sociale d’un individu »

Marie Estelle Dupont – Psychologue clinicienne spécialisée en psychopathologie, neuropsychologie et psychosomatique.

Ainsi, je trouve nécessaire de ne pas se voiler la face. Sous couvert d’une idéologie sclérosée et culpabilisante pour celui qui veut éduquer mais ne s’autorisant pas à interdire.

En effet, il est normal que le chien veuille tester la présence ainsi que la solidité des règles.

Il est probable qu’un cadre trop permissif (ou trop oppressif) soit non seulement source de détresse psychique et physique pour le chien mais aussi pour ceux qui l’entourent.

Mais un manque de cadre peut également devenir vecteur d’une anxiété chez l’animal qui sera en incapacité de se structurer en se reposant sur des règles sécurisantes.

Conclusion

S’il est intéressant de renforcer positivement les chiens lorsque leurs comportements nous font plaisir… Je pense qu’il ne faut pas oublier l’autre moitié des renforçateurs « négatifs » lorsque la situation l’exige.

En effet, ces deux derniers ont leur place dans une approche éducative bienveillante et non toxique. Je ne les vois pas comme contradictoires.

Au contraire, leurs utilisations doivent s’ajuster aux situations de la vie, fonction du contraste et des fluctuations de nos quotidiens, mais toujours avec discernement et intelligence.

Et même si le chien reste au sens éthologique un éternel adolescent puisque domestiqué et tributaire de l’humain (…et de ses lubies). Ne serait il pas plus intéressant de faire évoluer nos manières d’éduquer le chien? Pour favoriser une autonomisation relative à sa réflexion et son rapport au monde là où le conditionnement montre trop souvent ses limites?

Catégories : Penser son chien

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